14.8.17

Marcher



 Saki et moi, nous avons délaissé le petit arpent de Mauvaises herbes où nous étions installés depuis le mois de février dernier. Nous n'avons pas eu à marcher très longtemps pour découvrir un territoire Sans soleil ni ciel qui sera désormais notre nouvel abri. Ce refuge, inconnu de tous pour l'instant, nous permettra de ressembler nos forces déraisonnablement gaspillées au cours des six mois précédents. A peine arrivés, les sacs de voyages pas encore défaits, Saki s'est rapidement réinstallé et trouve cet endroit convenable. Il le pense suffisamment éloigné de cette putain de civilisation avec laquelle nous ne cessons de marquer nos distances en la repoussant toujours plus loin. Nous n'en sommes pas, Saki et moi, à notre premier déplacement en quête de nouveaux espaces, quitte à ce qu'ils soient sans eau chaude, sans soleil et même sans ciel, pourvu que nous puissions conserver notre précieuse animalité. La nature sauvage de Saki et la mienne sont entrelacées depuis six ans aujourd'hui et rien ni personne ne nous séparera jamais. Rien ni personne ne nous civilisera, non plus. Que les quadrupèdes humains hautement domestiquées s'écartent de notre chemin, nous ne voulons plus aucune relation avec cette espèce aux mœurs aussi sophistiquées que dépravées. Qu'ils aillent mourir !